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Paco Ignacio TAIBO II

MEXIQUE

Né en 1949 à Gijón, en Espagne, il émigre avec sa famille au Mexique en 1958. Enseignant, journaliste essayiste, militant politique et romancier, il est à l’origine du festival Semana Negra, à Gijón.

Irapuato, mon amour. Petite épopée d’une mémoire ouvrière au Mexique

1981 /1983 / 2021

Ce n’est pas l’auteur de polars bien connu et très apprécié en France qu’on retrouve dans ce recueil d’une petite vingtaine de chroniques, mais l’autre facette de Paco Ignacio Taibo II, l’homme engagé qu’il n’a cessé d’être.

Qu’on soit dans une conserverie qui farcit des poivrons, une entreprise textile ou une raffinerie de pétrole, les ouvriers et les employés souffrent mais résistent. Dans les années 1970 – 80, quand ces textes ont été publiés pour la première fois, il existe au Mexique des syndicats, des tendances politiques variées malgré un pouvoir politique verrouillé par un parti dominant, le PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel) qui a monopolisé le pouvoir de façon continue de 1928 à 2000 (avant de le reprendre en 2012).

Journaliste à l’époque, Paco Ignacio Taibo suit les étapes de plusieurs luttes syndicales et met en relief quelques personnalités, comme l’Araignée, qui entretiennent le mystère pour mieux faire passer des slogans destinés à améliorer les conditions de travail ou rendre les syndicats plus efficaces. Car les syndicats peuvent être gangrenés de l’intérieur par des jaunes, les charros, infiltrés par le patronat. Alors, la vraie lutte ouvrière prend des allures d’épopée (le sous-titre n’est pas menteur), une lutte fraternelle qui peut faire penser, avec une certaine nostalgie, à celle de la grande épopée des syndicats européens, quand le mot syndicat voulait encore dire quelque chose. L’épopée, même petite, atteint son apogée avec le récit du long conflit avec l’entreprise Pascual, conflit qui a été à l’origine de plusieurs morts violentes et qui s’achève sur les mots : « immense promesse ».

Ces textes sont aussi, sont surtout, un vibrant hommage à des hommes et des femmes, ceux qui ont su ne pas renoncer, ne pas se courber et qui, au prix souvent de sacrifices coûteux, ont aidé leurs proches, leurs collègues plus timorés, des femmes et des hommes très  modestes, peu conscients de leur propre valeur, que les mots de Paco Ignacio Taibo II grandissent en les montrant toujours humains : c’est bien cela l’épopée : une action qui dépasse, qui grandit les individus.

On peut lire ces chroniques soit dans une certaine nostalgie : elles ne sont pas dans l’air du temps, mais, au cœur d’une mondialisation qui déshumanise, pourra-t-on un jour à nouveau imaginer des actions individuelles ou par petits groupes qui puissent conduire vers un progrès (ce que pense une autorité telle que Edgar Morin), soit dans une vision positive : ces femmes et ces hommes seraient des modèles qu’on pourrait, qu’on devrait imiter : alors pourquoi attendre ?

Irapuato, mon amour. Petite épopée d’une mémoire ouvrière au Mexique, traduit de l’espagnol (Mexique) par Jacques Aubergy, éd. L’Atinoir, 235 p., 14€.

MOTS CLES : MEXIQUE / POLITIQUE / SOCIETE / HISTOIRE / EDITIONS L’ATINOIR.

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