CHRONIQUES, ROMAN CUBAIN

Carlos Manuel ALVAREZ

CUBA

Carlos Manuel Álvarez est né à Matanzas en 1989. Après des études de journalisme, il publie des articles dans plusieurs médias internationaux. Il a été lauréat du Prix de journalisme Roi d’Espagne. Il est également romancier.

Les endurants

2023

À travers 18 reportages qui sont autant de témoignages, Carlos Manuel Álvarez dresse un tableau étonnant de Cuba pendant ces dernières années, un pays qu’on croit connaître (on y est peut-être allé en vacances dans des hôtels luxueux de Varadero, on a sûrement vu des reportages, on a lu des romans de Cubains exilés et de Cubains qui sont restés sur place), ici Cuba apparaît de façon nouvelle par la volonté de Carlos Manuel Álvarez de s’en tenir à des vérités brutes.

Les personnes qui acceptent ici de se dévoiler sont pour la plupart des anonymes et le journaliste qui les rencontre longuement livre ces entretiens sans fard, en l’état, se contentant d’ajouter une description du décor de la rencontre, parfois d’une brève opinion  personnelle.

Un des principaux intérêts de ces 18 textes est bien sûr de révéler (c’est le mot) l’état actuel de l’île. Cela n’empêche pas que certains se présentent comme de véritables petits romans souvent très noirs, dramatiques, et surtout humains parce que vrais.

Peu  à peu, c’est toute la réalité cubaine qui prend vie, une réalité contradictoire, paradoxale. Le manque est partout, la vie est partout, musicale souvent. On trafique beaucoup mais toute moralité n’est pas perdue. Tout est bon si on le revend le double du prix d’achat : rhum, pneus de voitures, concentré de tomate. Et on trouve toujours un acheteur prêt à payer.

Ajoutons que Carlos Manuel Álvarez n’est jamais directement dans le commentaire politique, non par crainte (notion qui lui semble étrangère), mais parce que ce n’est pas sa vision, en cela il représente bien la population cubaine en général. C’est bien d’ailleurs une des explications à la durée de ce régime, autre contradiction apparente : malgré les souffrances indéniables, reconnues par tous, endurées depuis si longtemps, Fidel et les  autres dirigeants n’ont jamais vraiment été impopulaires sur l’île.

Cuba a toujours été et est restée infiniment plus variée que ce que l’on lit généralement. Des salons luxueusement modernes d’un chanteur connu existent comme des chambres sans lumière et sans air où s’entassent des familles qui arrivent avec difficulté à manger plusieurs fois par jour, Cuba est tout cela, et c’est un des mérites de ces Endurants de le montrer. Si quelques uns des « chapitres » paraîtront un peu obscurs pour un lecteur européen, trop centrés sur des nuances d’opinions cubano-cubaines, l’ensemble est un apport exceptionnel à la compréhension de ce pays qui ne ressemble à aucun autre.

Les endurants, traduit de l’espagnol (Cuba) par Isabelle Lauze, éd. Bayard, 416 p., 23 €.

MOTS CLES : CUBA / SOCIETE / POLITIQUE / VIOLENCE / FAMILLE / EDITIONS BAYARD.

CHRONIQUES, ROMAN CUBAIN

Leonardo PADURA

CUBA

Leonardo Padura est né en 1955 à La Havane, il n’a jamais quitté son quartier de Mantilla. Après avoir été journaliste dans divers organes de presse cubains, il commence à écrire des romans policiers sur fond social avec un personnage récurrent, Mario Conde. Il est également scénariste (Retour à Ithaque de Laurent Cantet, par exemple). Il est unanimement respecté pour la qualité de ses écrits et pour son honnêteté intellectuelle. Ouragans tropicaux est la dixième enquête de Maroi Conde, son personnage récurrent.

Ouragans tropicaux

2022 / 2023

On avait quitté Mario Conde, l’ancien policier, vendant des livres d’occasion, on le retrouve en 2016, la vente de livres a été peu à peu remplacée par la vente d’un peu tout (on est à Cuba, tout manque et tout est bon à acheter), mais les finances ne vont pas au mieux. C’est alors qu’on lui propose d’aider la police, débordée par la prochaine venue sur l’île, de Barak Obama, des Rolling Stones et de quelques jeunes beautés très peu vêtues, vedettes pour ados. Un haut fonctionnaire, tortionnaire particulièrement sadique, a été assassiné chez lui, on lui a, semble-t-il, dérobé un ou plusieurs objets de prix. Entre autres « exploits », en tant que responsable de la culture, il avait profité de son poste pour récupérer des œuvres modernes.

Et Mario Conde ne possède pas que des talents de brocanteur ou de policier plus ou moins officiel, il est aussi écrivain, un écrivain de talent. Un récit parallèle, qui se situe en 1909 et 1910, peu avant le passage menaçant de la comète de Halley, raconte l’enquête du lieutenant Arturo Saborit, jeune flic plein d’illusions qui vient d’être nommé, sur l’assassinat particulièrement cruel d’une prostituée. Alberto Yarini, à la remarquable dentition (il est le fils d’un ondotologue), issu d’une importante famille rigoureusement aristocrate et devenu l’un des principaux proxénètes du coin semble avoir un rapport avec le crime. Saborit, qui se rapproche du jeune homme, voit ses illusions d’honnêteté mises en question : pourra-t-il rester tel qu’il le souhaite face au capitaine Fonseca, son supérieur qui, lui, a choisi son camp, bien plus profitable pour lui ?

Le lecteur des premières enquêtes de Mario Conde se retrouve à plein dans ce Ouragans tropicaux, avec les amis de toujours, le Flaco dans son fauteuil roulant et sa mère Josefina au premier rang. Il y a des morts, de la corruption, financière et politique, mais aussi beaucoup de nuances, morales  surtout : même les personnages les plus radicalisés dans le mal conservent une pointe d’humanité, presque tous, et les mieux armés ont parfois des faiblesses. Pour Mario Conde l’amitié est toujours le plus important. Pour lui c’est vital. Et, on le savait déjà, notre romancier est (comme son enquêteur) un homme généreux. Cette fois il le prouve, une fois de plus, en nous faisant cadeau non d’un mais de deux romans, l’enquête de Mario Conde et le roman que le Conde est en train d’écrire, une enquête plus ancienne racontée par Arturo Saborit, la  guerre ouverte entre des proxénètes cubains et français, qui s’est réellement livrée au début du XXème siècle à la Havane, dont l’intérêt supplémentaire, principal, est l’évolution du jeune lieutenant Saborit, que Mario Conde ou Leonardo padura déroule avec une immense subtilité.

Que l’on soit un lecteur assidu des enquêtes de Mario Conde (celle-ci est la dixième !) ou qu’on découvre le personnage si attachant de ce flic qui parvient à rester humain dans le contexte si bousculé qu’est la vie quotidienne à Cuba depuis des décennies, on sera comblés par les rebondissements de ces deux recherches de vérités fuyantes, celle de 1910 et celle de 2016, par l’humour discret, désabusé, par la foi en l’être humain malgré les noirceurs de certains, bref par un polar d’une extraordinaire richesse qui va droit au cœur.

Ouragans tropicaux, traduit de l’espagnol (Cuba) par René Solis, éd. Métailié, 496 p., 23,50 €.

Leonardo Padura en espagnol : Personas decentes, ed. Tusquets, comme ses autres ouvrages.

Leonardo Padura en français est publié aux éditions Métailié.

MOTS CLES : CUBA / POLAR / HISTOIRE / POLITIQUE / AMITIE / SOCIETE / PSYCHOLOGIE / EDITIONS METAILIE.

Plusieurs autres titres de Leonardo Padura ont été commentés sur AnnA : L’homme qui aimait les chiens, Hérétiques, Ce qui désirait arriver, La transparence du temps, retour à Ithaque (avec Laurent Cantet), Poussière dans le vent et L’eau de tout part.

CHRONIQUES, ROMAN ARGENTIN, ROMAN BRESILIEN, ROMAN CHILIEN, ROMAN COLOMBIEN, ROMAN D'AMERIQUE CENTRALE, ROMAN MEXICAIN, ROMAN PERUVIEN, ROMAN VENEZUELIEN

Martín CAPARRÓS

ARGENTINE / ÑAMERIQUE

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Né en 1957 à Buenos Aires, il est le fils d’un célèbre psychiatre argentin. À la suite du coup d’État de 1976, il s’exile à Paris où il termine ses études d’Histoire. Après quelques années passées à Madrid, il retourne à Buenos Aires. Journaliste (Prix international Roi d’Espagne en 1994), il est également romancier (Prix Herralde en 2014). Il vit actuellement en Espagne.

Ñamérique

2021 : 2023

C’est quoi donc, cette Ñamérique ? Pendant des années, Martín Caparrós a parcouru le monde, on l’a vu avec La faim, cette Amérique dont il est issu, qui n’est ni l’Amérique latine (dont on se demande si elle existe vraiment), ni l’Amérique du Sud, avec laquelle on la confond souvent, qui a un peu d’Amérique du Nord (le Mexique), toute l’Amérique centrale et qui n’englobe pas le Brésil, où l’on parle un portugais arrangé. Ce sera donc cette Ñamérique, ce ñ qui n’existe qu’en espagnol. Au long de vingt chapitres, vingt étapes, il décrit, de façon toujours aussi puissante (rien ne manque, ni les odeurs, ni le froid ou le chaud, ni surtout les dialogues spontanés), il pense aussi : qu’est-ce que la réalité qu’on a sous les yeux ? Cette réalité n’est-elle pas trompeuse ? D’où vient-elle ? Est-elle stable ? 700 pages bien tassées mais toujours aussi faciles à lire permettent de décrire, de nuancer, de donner plusieurs points de vue sur le même sujet, de rectifier, surtout de réfléchir.

On a passé 2020. Ce que ma génération (j’étais étudiant dans les années 70) avait appris de sources très solides est remis en cause : une foule de découvertes a révélé beaucoup de choses ignorées alors, mais surtout la façon de voir, de juger, a considérablement évolué. Ce qui  pour nous, unanimement, a été une bible, la référence absolue, le livre Les veines ouvertes de l’Amérique latine de l’Uruguayen Eduardo Galeano, ne peut plus se lire comme nous l’avons lu : ceux qui furent les victimes de la « colonisation » sont encore considérés comme tel, mais elles étaient comme les agresseurs des bourreaux envers leurs « classes inférieures » ou leurs voisins et, quand le président mexicain López Obrador demande au Roi d’Espagne des excuses pour les exactions opérées sur son territoire, il oublie que ses propres ancêtres, les López entre autres, ont fait partie sans ambiguïté pendant des siècles des oppresseurs. Bref, les Indiens originaires ne sont pas plus victimes que les Noirs, les métis ou les Blancs pauvres de Ñamérique.

Comme il balaye large, Martín Caparrós peut donner des approches plus vastes de situations bien connues : le problème de la drogue, par exemple, qui pour nous est global, apparaît ici très contrasté : la Bolivie ou le Pérou n’ont pas grand-chose à voir à ce sujet avec leur voisine, la Colombie, beaucoup plus violente qu’eux.

Une chose qui revient constamment est l’instabilité de tout le continent. Une ville (Caracas), plongée dans une misère noire était il n’y a pas si longtemps la plus prospère d’Amérique du Sud. Mexico ou Medellín sont tour à tour plutôt calmes puis hyper dangereuses. Rien n’est définitif là-bas, tout y est provisoire.

Le nombre de pages et la densité du livre ne doit pas décourager d’avance un lecteur pas forcément sociologue ou amateur de statistiques : elles sont bien là, précises, exhaustives, mais la structure générale permet de les passer, par exemple, les pages qui privilégient les chiffres, intéressantes pour un lecteur moins « littéraire », et de se consacrer aux témoignages directs d’une vendeuse de légumes sur un marché ou d’un guérillero repenti.

Les « récits de voyages » de Martín Caparrós, qui parle toujours à la première personne, sont aussi huit étapes dans des villes ñaméricaines, des villes références, avec principalement des rencontres, fortuites ou organisées : le reporter écoute et transmet ce que lui disent spontanément les habitants de la « première ligne ». Une Mexico contrastée, le cimetière de Bogotá, Caracas et la nouvelle misère pleine d’une violence elle aussi nouvelle, La Havane, triste dans sa beauté perdue, Buenos Aires que même Martín Caparrós qui y est né a du mal à comprendre, Miami, capitale des inégalités dont les mutations permanentes rajoutent encore aux inégalités. Des séjours où alternent optimisme et découragement, selon les personnes rencontrées, où on a renoncé ou au contraire où on croit encore.

Quelque soit notre façon de lire Ñamérique, on sera forcément enrichi en le refermant.

Ñamérique. Un voyage dans le présent de l’Amérique hispanique, traduit de l’espagnol (Argentine) par Robert Amutio, éd. Gallimard, 739 p., 28 €.

Martín Caparrós en espagnol : Ñamérica, ainsi que la plupart des ouvrages : ed. Random House.

Martín Caparrós en français : Valfierno , éd. Fayard / Living / La faim / À qui de droit / Tout pour la patrie, éd. Buchet-Chastel.

MOTS CLES : AMERIQUE / ARGENTINE / BOLIVIE / BRESIL / COLOMBIE / PEROU / SALVADOR / MEXIQUE / ETATS-UNIS / SOCIETES / HISTOIRE / VIOLENCE / POLITIQUE / EDITIONS GALLIMARD.

Souvenir :

Saint-Etienne,

Autres ouvrages de Martín Caparrós commentés sur AnnA : La faim :

Tout pour la patrie :

A qui de droit :

CHRONIQUES, ROMAN BRESILIEN

Joe THOMAS

GRANDE BRETAGNE / BRÉSIL

Joe Thomas est un journaliste anglais né en 1977 à Londres. Il connait bien le Brésil, ayant vécu à São Paulo plusieurs années.

Brazilian psycho

2021 / 2023

Tous les ingrédients du genre sont bien là, la trop grande ville São Paulo ici, avec ses classes sociales qui cohabitent sans se mêler, la violence urbaine, la corruption des élites qui fait tache d’huile, une police qui balance entre la volonté de jouer son rôle (protéger la population) et la tentation de l’argent qui lui est proposé de plusieurs côtés, les quartiers défavorisés dans lesquels la survie est de plus en plus compromise et quelques personnages qui font ce qu’ils peuvent pour que les choses aillent un tout petit peu mieux.

Le contexte choisi par Joe Thomas est particulièrement intéressant, le Brésil des années de mutation, entre 2003 (l’élection de Lula da Silva) et 2019 (l’élection de Jair Bolsonaro). C’est le moment historique de tous les excès, le moment où les passions déjà bien présentes se déchaînent, au milieu des fausses nouvelles qui se répandent.

Un proviseur de lycée privé anglophone est assassiné chez lui dans des conditions assez troubles, des petits loubards à peine adolescents entament une carrière de délinquants, des fonctionnaires travaillent pour lutter contre l’impossibilité pour les plus pauvres de se loger correctement, un Nord-Américain est discrètement envoyé pour blanchir de l’argent sale, quelques policiers se trouvent au centre de cette toile d’araignée et doivent résister aux pressions de toute sorte qui pèsent sur eux.

L’histoire, forcément complexe, se fait un chemin à travers ces ambiances très variées, les bureaux luxueux des entrepreneurs proches du pouvoir, les baraquements des favelas, près de ces gens qui doivent jour après jour vivre et qui y parviennent, tant bien que mal. Les années passent, peu à peu tout évolue et les choses changent, très lentement, la politique nationale ne peut pas tout.

La lecture n’est pas aidée par une langue parfois déroutante (est-ce le texte original ? la traduction ?). Qu’est, par exemple, un personnage qualifié à plusieurs reprises de moyenne légume ? Que vient faire dans ce genre de récit des mots comme ribaud ou attrition ? D’où sort le mot pétrichor pour évoquer la fin d’une averse tropicale ? Pourquoi faire parler les ados délinquants comme des étudiants diplômés (« Il n’est chose plus vraie, Dieu m’en est témoin » dit un gamin dealer de 13 ans !)

Passons sur le style, le fond historique et politique reste très juste, Joe Thomas connaît bien le pays et les coulisses de la vie politique et sociale de sa plus grande ville et, étant étranger, il a le recul souhaitable pour en parler. Il y a beaucoup à découvrir dans ce long roman palpitant.

Brazilian psycho, traduit de l’anglais par Jacques Collin, éd. du Seuil, coll. Cadre noir, 528 p., 24 €.

MOTS CLES : BRESIL / GRANDE BRETAGNE / POLAR / POLITIQUE / VIOLENCE / SOCIETE / HISTOIRE / EDITIONS DU SEUIL.

CHRONIQUES, ROMAN CUBAIN, ROMAN FRANCAIS

William NAVARRETE

CUBA / FRANCE

Né dans la province de Holguín, à Cuba, en 1968, William Navarrete s’est établi en France en 1991, il a la nationalité française. Il est traducteur, journaliste, critique d’art, poète et auteur de nouvelles et de romans.

Cuba spleen

2023

Cuba, 1959, Cuba actuel, Fidel, Raúl, le Che, le régime castriste au long des années, les Cubains, ceux qui sont restés, ceux qui sont partis, ceux qui ont prospéré en Floride. Ce sont des sujets parmi les plus difficiles à traiter. On est pour, on est contre, la plupart du temps de façon tranchée au point qu’être modéré semble inenvisageable. Ne parlons pas d’objectivité, elle est rigoureusement impossible. On connaît la position de William Navarrete sur le sujet. Dans Cuba spleen, il l’expose par le biais de ce qui est, au fond, une autobiographie.

Né à Banes, une petite ville de la province cubaine dans une famille aisée, peu politisée mais qui ne voyait rien à redire sur la politique de Batista qui, économiquement lui était assez favorable, le jeune William Navarrete enfant, puis adolescent dans les années où l’État cubain commence à tanguer (mauvaises récoltes de canne à sucre, énorme poids de l’URSS sur une île sans ressources propres, une ligne politique qui refuse d’évoluer) rejette en bloc, comme ses grands-parents et comme ses parents, les nouvelles conditions politiques.

Un lecteur européen qui ouvrira Cuba spleen ne devra donc pas s’attendre à lire un manuel d’histoire mais bien un témoignage personnel et passionnel à charge contre un régime dictatorial à qui il ne pardonne rien. L’auteur-témoin ne donne pas d’explications aux faits évoqués (par exemple à cause de quelle réalité telle ou telle orientation a-t-elle été prise ? Quel était le but de telle ou telle loi prise par Fidel Castro ?), il exprime son ressenti personnel face aux effets de l’orientation ou de la loi. Il a vécu cette période, il en a souffert et il partage cette souffrance et cette colère. Vu de l’extérieur, est-il scandaleux qu’un régime qui prône le partage et la justice sociale veuille réduire à une résidence principale et une seule résidence secondaire la propriété personnelle d’une famille ? Ça l’est pour l’auteur. Question de point de vue.

William Navarrete est militant, pas historien ni commentateur politique. Il livre dans Cuba spleen son ressenti authentique, légitime. Si on est idéologiquement proche on applaudira des deux mains, si on est plus extérieur on pourra nuancer en prenant d’autres avis.

Cuba spleen , éd. Emmanuelle Colas, 180 p., 18 €.

MOTS CLES : CUBA / FRANCE / POLITIQUE / HISTOIRE / SOCIETES / EDITIONS EMMANUELLE COLLAS.

CHRONIQUES, ROMAN D'AMERIQUE CENTRALE

Horacio CASTELLANOS MOYA

SALVADOR

Né en 1957 à Tegucigalpa, Horacio Castellanos Moya est un journaliste et romancier salvadorien. Après des études internationales, il s’installe dans son pays mais il est contraint de s’exiler suite à la publication de son roman El asco; Thomas Bernhrad en San Salvador qui lui vaut des menaces de mort. Il a vécu successivement dans plusieurs régions du monde. Il réside aux États-Unis où il enseigne.

L’homme apprivoisé

2022 / 2023

Erasmo Aragón, qu’on a déjà croisé à plusieurs reprises dans l’œuvre romanesque d’Horacio Castellanos Moya (Le rêve du retour, Moronga), 51 ans, vit désormais exilé en Suède. Il s’y est installé depuis six mois avec Josefin, une infirmière suédoise qui l’a soigné pour une dépression dans une clinique des États-Unis où il enseignait la littérature. Il a bien du mal à trouver un équilibre personnel, balloté d’un pays à l’autre, Salvador, Mexique, États-Unis, Suède à présent, avec, la peur le tenaillant, une peur chronique : le malheur sous toutes les formes possibles lui tombe dessus. Le monde qui l’entoure le dégoûte, un regard innocent porté sur une passante inconnue (il a en permanence une attirance marquée pour toute silhouette féminine) peut être mal jugé : sa paranoïa naturelle s’alimente de cette ambiance qui se généralise de nos jours, d’autant que ce qui a motivé ses soucis américains a été une fausse accusation à son encontre.

À Stockholm, il vivote avec Josefin qu’il ne voit que très peu, ses gardes à l’hôpital la retiennent beaucoup hors du petit appartement, il traduit parfois des pages techniques qui lui rapportent trois sous, il parvient à rester sobre, ses médicaments ne faisant pas bon ménage avec l’alcool, mais il est conscient de sa fragilité. Tiendra-t-il ?

Horacio Castellanos Moya décrit de l’intérieur, dirait-on, l’état pitoyable de cet universitaire et journaliste déchu, malade de peur qui a perdu depuis des lustres  toute estime de soi, s’il l’a sentie un jour. Il est pitoyable, mais aussi ridicule dans ses excès.

Tout est minutieusement décrit, les pertes de mémoire, la perception du temps qui fluctue en fonction de l’état d’esprit, les obsessions qui reviennent au pire moment, et surtout l’oubli de ce qu’il est vraiment, de ce qu’est sa véritable personne. Il est absent à lui-même. Les phrases, les mots, sont simples, Horacio Castellanos Moya n’utilise aucun effet, ce qui glace. La situation d’Erasmo, terrible, ne s’accompagne pas de sentiments, mais de sensations, d’actions surtout, dont la plupart n’ont ni d’explication ni de raison. Le corps commande (boire, manger, déféquer), l’esprit est trop troublé pour prendre le dessus.

120 pages peuvent faire un grand, un très grand livre. L’homme apprivoisé en est un, un de ceux qu’on relira un jour, un de ceux qui restent.

L’homme apprivoisé, traduit de l’espagnol (Salvador) par rené Solis, éd. Métailié, 126 p., 17 €.

Horacio Castellanos Moya : El hombre amansado, ed. Random House.

Horacio Castellanos Moya en français est essentiellement publié aux éditions Métailié.

MOTS CLES : SALVADOR / ETATS-UNIS / SUEDE / PSYCHOLOGIE / FOLIE / SOCIETES / HUMOUR / POLITIQUE / EDITIONS METAILIE.

Un autre roman d’Horacio Castellanos Moya a été commenté sur AnnA : La mémoire tyrannique :

CHRONIQUES, ROMAN ARGENTIN, ROMAN FRANCAIS

Laura ALCOBA

ARGENTINE / FRANCE

Laura Alcoba est née en 1968 à Buenos Aires. Sa famille s’installe en France chassée par la dictature militaire. Elle est enseignante, traductrice et romancière. Son premier roman, Manège, a été adapté au cinéma en 2021 (La casa de los conejos, mis en scène par Valeria Selinger).

Les rives de la mer Douce

2023

Les romans de Laura Alcoba renferment toujours une grande part autobiographique, son enfance fracturée, entre l’Argentine, jusqu’à ses dix ans, puis la France. Dans Les rives de la mer Douce, elle ose pour la première fois une vision directement inspirée par ce qu’elle a vécu. Mais c’est bien du Laura Alcoba que nous lisons, autrement dit c’est de la pure littérature, pas un récit articulé uniquement sur des dates mais de la poésie, de la sensibilité qui s’appuient sur du vécu.

Douze « chapitres », qu’on pourrait nommer « nouvelles », de ses débuts en littérature aux rives de l’enfance, celles de cette mer Douce du titre, mar Dulce ou Río de la Plata, ce bras de mer, ou cette embouchure qui sépare Argentine et Uruguay, Buenos Aires et Montevideo, une enfance qui n’a pas eu grand-chose de « doux » dans un contexte de dictature, d’enlèvements, de disparitions et de vie clandestine. La vie de l’adulte est plus sereine, avec des méditations dans des paysages bretons, si différents et si semblables aux terres argentines, la région de Pont Aven ayant l’avantage de l’inviter à revenir sur ces années terribles où sa mère avait dû quitter sa ville et son pays, seule, où son père était emprisonné et où la fillette ne comprenait pas tout de ce qui l’environnait mais participait, involontairement, à ce grand drame que fut la dictature militaire argentine.

On ne trouvera pas de traces d’amertume dans les souvenirs, ce qui a été ne s’effacera pas de la mémoire de la femme sensible et réservée qu’est devenue la petite María Laura Guerra, le nom d’emprunt de la fillette qui, elle aussi, devait se cacher pour ne pas risquer de mettre ses parents en péril. Le passé a été ainsi, se le rappeler est fondamental, mais n’est pas source de rancœur, la dignité consiste aussi à ne pas s’épancher, mais simplement à faire de son lecteur un témoin proche, un ami avec qui elle peut  se confier ; entre elle et lui une confiance tacite est créée.

Elle profite aussi de ce livre, le  plus personnel qu’elle ait écrit, pour rendre un hommage lui aussi discret, à des personnes qui ont contribué à la naissance de son parcours créatif.

Il y a deux raisons pour lire ce livre mémoriel : si on a déjà lu un ou plusieurs romans de Laura Alcoba, on se retrouvera en territoire familier, mais on ira au-delà de ce qu’on savait d’elle et de son talent d’écrivaine. Si on n’en a lu aucun cela ne pourra que donner le désir de pénétrer dans son univers.

Les rives de la mer Douce, éd. Mercure de France, 200 p., 17 €.

Les romans de Laura Alcoba sont publiés aux éditions Gallimard.

MOTS CLES : ARGENTINE / FRANCE / MEMOIRE / HISTOIRE / POLITIQUE / PSYCHOLOGIE / POESIE / LITTERATURE / EDITIONS MERCURE DE FRANCE.

Un autre livre de Laura Alcoba commenté sur AnnA, Par la forêt :

Souvenir :

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Ecully, octobre 2022.

CHRONIQUES

Cristina PERI ROSSI

URUGUAY / ESPAGNE

Cristina Peri Rossi est née à Montevideo en 1941. Elle publie en 1963 pour la première fois, d’abord des nouvelles, puis des romans, des essais et de la poésie. En 1972, aidée par son ami Julio Cortázar, pour fuit le dictature, elle s’installe en Europe, en France puis en Espagne où elle vit toujours. Outre e très nombreuses récompenses internationale, elle a été lauréate du Prix Cervantes en 2021.

Babel barbare et autres poèmes

1991 / 2003 / 2004 / 2009 / 2023

C’est un véritable événement littéraire qui nous est offert par les éditions du Seuil en collaboration avec la Maison de l’Amérique latine, la première traduction en France de quatre recueils de poèmes de l’Uruguayenne Cristina Peri Rossi, Prix Cervantes en 2021 : Babel barbare  (1991), État d’exil (écrit en 1992, publié en espagnol en 2003), Stratégies du désir (2004) et Playstation (2009).

Babel barbare est une sorte d’exploration du monde mis en contact avec le (les) langage(s). Babel, c’est la multiplicité des langues, un peu comme pour Cristina Peri Rossi, c’est aussi une quête constante, celle de l’identité, elle qui s’est de tous temps cherchée (alternative / option sexuelle, pays où elle a vécu, langues qu’elle pratique). Abécédaire en est la parfaite illustration.

État d’exil, le titre est clair. Les poèmes expriment la (les) douleur(s) de l’exilé(e). Ils sont très brefs. En quelques vers, d’un seul mot parfois, ils disent tout des sentiments mouvants d’une personne qui est désormais là sans y être vraiment et qui sait que se trouver à nouveau dans le pays perdu ne ferait que rajouter une strate de plus au mal être.

Stratégies du désir. Écrire sur le sexe, le désir, ses éblouissements et ses failles est donné comme une nécessité. L’amour entre femmes, qui a pu être un questionnement personnel pour Cristina Peri Rossi, parvient ici à s’exprimer directement, franchement, devient des morceaux de vie ou des questions d’existence en tant que… qui ont jadis angoissé une petite fille à Montevideo. Mais l’amour peut aussi concurrencer les grands drames récents.

Playstation. C’est très probablement dans Playstation  que Cristina Peri Rossi se confie le plus, elle n’a plus la nécessité de parler de corps, ici c’est son âme qu’elle met en vers (parfois en prose) et comme toujours elle le fait avec une grande franchise et montre sa réaction au monde qui l’entoure, ce qu’elle aime, ce qu’elle rejette, Playstation, c’est une autobiographie fragmentée et incomplète, on y apprend que la grande poète est aussi accro à  la Playstation.

Babel barbare et autres poèmes, traduit de l’espagnol (Uruguay par Stéphane Chaumet et Katia-Sofía Hakim, éd. du Seuil, 398 p., 26 €.

MOTS CLES : URUGUAY / ESPAGNE / POESIE / EROTISME / LANGAGE / EXIL / POLITIQUE / SOCIETE / EDITIONS LE SEUIL.

CHRONIQUES, ROMAN ARGENTIN, ROMAN FRANCAIS

Léo HENRY

FRANCE / ARGENTINE

Léo Henry est né en 1979 à Strasbourg. Après des études de Lettres, il a beaucoup voyagé à travers le monde, en particulier en Amérique latine. Il est l’auteur d’une oeuvre très variée, nouvelles, scénarios pour jeux de rôle, oeuvres numériques, scénarios de bandes dessinées er romans.

Héctor

2023

À la fin des années 1950, puis en 1969, Héctor Germán Oesterheld, scénariste de bandes dessinées argentin, imagine avec les dessinateurs Francisco Solano López puis Alberto Breccia, une Buenos Aires couverte d’une neige toxique et écrasée par une dictature contre laquelle il faut se rebeller. En 1969 c’est le général Onganía qui tient le pouvoir. Déjà une dictature, et ce n’est pas la première.

En 1976, apparaît une autre, tenue par le général Videla, et Héctor vit dans la clandestinité avec ses quatre filles, ils sont montoneros. Les cinq feront partie des disparus. Seule survivra Elsa, l’épouse, la mère.

Léo Henry ne propose pas une biographie linéaire d’Héctor. Chacun des 15 chapitres donne un point de vue littéraire différent : ça peut être très personnel, quand Léo Henry parcourt les rues et les cimetières de Buenos Aires pour se renseigner auprès d’intellectuels qui ont révélé les mystères de la fin du scénariste, d’écrivains ; ça peut être une mise en abyme, quand Léo Henry  lui-même scénariste de bédés se met dans la tête d’un Héctor Germán Oesterheld pensant à une biographie du libertador argentin San Martín ; ça peut être aussi la reprise de personnages imaginés par d’autres (Angélica Gorodisher par exemple) ; ça peut être aussi la création d’un dialogue qu’auraient pu avoir Jorge Luis Borges, incapable de son vivant de décider de quel côté politique pencher avec notre Héctor. Léo Henry se sent libre, une saine liberté dont il profite sans en abuser. Grâce à elle, il peut s’offrir le luxe de recréer un homme qu’il n’a pas connu et auquel il rend un hommage à la fois intellectuel et humain.

Les descriptions de lieux (la Ville, la Bibliothèque) dans une époque sont telles que, plus que les endroits décrits, ce sont des planches qu’un dessinateur de bédé doué aurait pu réaliser qu’on a en tête : une autre forme de réalisme, curieuse impression pour le lecteur qui devient spectateur.

Au-delà de l’homme qu’a été Héctor, Léo Henry recrée tout ce qui l’a entouré, une atmosphère très riche d’une Buenos Aires réelle et fantasmée par les souvenirs (de ses proches, des témoins), par les dessins, par l’Histoire aussi. Le réel c’est l’horreur qui a accompagné la dictature militaire (elle-même « bien » accompagnée par des militaires français qui s’étaient livrés aux tortures en Algérie et qui ont généreusement offert leur expérience à leurs collègues argentins, il est bon de le rappeler). Le fantastique qui pointe à certains moments est lui aussi teinté sinon d’horreur du moins d’une inquiétude sourde.

Le résultat est un livre inclassable qui évoque, qui ouvre de multiples fenêtres à un lecteur guidé mais jamais contraint par un texte riche : chacun peut se faire ses images et sa musique (très présente elle aussi), il aura à la fin une idée pourtant précise d’une époque tragique, d’un homme et de sa famille.

Héctor, éd. Rivages, 205 p., 19,50 €.

MOTS CLES : ARGENTINE / HISTOIRE / DICTATURE / VIOLENCE / POLITIQUE / LITTERATURE / PSYCHOLOGIE / SOCIETE / EDITIONS RIVAGES.

Deux auteurs cités dans Héctor commentés sur AnnA :

Guillermo Saccomanno :

L’employé :https://americanostra.wordpress.com/2020/02/27/guillermo-saccomanno-2/

1977 : https://americanostra.wordpress.com/2020/02/27/guillermo-saccomanno-3/

Basse saison :https://americanostra.wordpress.com/2018/09/27/guillermo-saccomanno/

Angélica Gorodischer :

KalpaImperial : https://americanostra.wordpress.com/2019/11/06/angelica-gorodischer-2/

Trafalgar :https://americanostra.wordpress.com/2019/11/06/angelica-gorodischer/

CHRONIQUES, ROMAN BRESILIEN

Chico BUARQUE

BRÉSIL

Fils d’un historien et sociologue mondialement reconnu, Chico Buarque est un poète, chanteur, auteur de théâtre. Il a été un des initiateurs, avec Vinicius de Moraes, Carlos Jobim ou Caetano Veloso de la bossa nova. Il est aussi un homme engagé, plusieurs de ses textes on été censurés et il a été lui-même emprisonné à plusieurs reprises. Il est l’auteur de six romans.

Ces gens-là

2019 / 2023

2018, Rio de Janeiro. Jair Bolsonaro vient de prendre le pouvoir. Cela ne trouble en rien les personnages de ce roman, d’ailleurs son nom n’apparaîtra pas une fois. Ils sont plutôt « du bon côté ». Duarte a la soixantaine, il a publié un roman à gros tirage, puis une douzaine qui ont eu leur petit succès et il faudrait d’urgence qu’il retrouve une inspiration qui lui permettrait, après des années de silence, de publier à nouveau pour avoir quelques sous. Les loyers impayés s’accumulent comme les injonctions à régulariser.

Les jours passent, entre son ex épouse Maria Clara (qui fut la première) et la deuxième femme de sa vie, Rosane, dont il  est séparé mais qu’il revoit souvent (je parle bien des deux), un fils psychologiquement fragile, dirait-on, dont rien ne dit qu’il en soit le père, mais tout le monde fait comme si. Politiquement, il reste indifférent aux changements radicaux de son pays, conscient et heureux de savoir qu’une police irréprochable, malgré quelques bavures inévitables, soit bien présente, et encore plus depuis la récente élection dont personne ne parle ; elle veille à protéger les bons citoyens, les seuls que fréquente Duarte, contre la vermine qui vit dans les favelas, et contre les communistes. On parlait des bons citoyens ? La preuve : Rosane a fait livrer pour orner son salon la statue dorée, qu’elle a couverte d’un drapeau brésilien, d’un militaire qui pourrait bien représenter… qui donc ? On ne le saura pas.

Pour lui, pour eux, le Brésil, c’est à jamais les jeux de ballon, la samba et les plages avec parfois, et c’est déplorable, des jeunes gens homosexuels qui ne se cachent même plus de l’être. Mais heureusement la police est là, elle sait intervenir à bon escient et avec la fermeté souhaitable.

Duarte, en bon romancier qu’il n’est pas, observe son environnement d’un œil vide et ce qu’il voit n’a aucune répercussion sur sa pensée ou son futur roman. Mais, fort heureusement, le filtre que nous avons, nous, se nomme Chico Buarque, il nous donne la clé pour nous ouvrir les yeux et la cervelle, et ici, la clé, c’est l’humour. Pas une page sans un éclat de rire (un mot incongru sous sa plume, une expression qu’il n’avait jamais utilisée (au moins en public !), auparavant, même dans ses chansons ou dans ses romans), ou un sourire (la plupart du temps, la légèreté de cet humour est un régal de subtilité).

Mais l’humour étant, paraît-il, la politesse du désespoir, sous ce vernis se révèle le grand malaise de tout un pays livré à un déséquilibré. Duarte, ses amis, ses femmes, les yeux fermés sur ce qui les environne et la conscience aveuglée par leur lâcheté et leur égoïsme, représentent bien toute une partie des habitants d’un pays au bord d’une ruine qu’ils ne veulent pas voir. Ce qui est inacceptable pour l’auteur est pour eux négligeable, pourvu qu’une des deux femmes se bourre d’alcool et de tranquillisants, que l’autre enchaîne les coucheries et que l’écrivain attende une inspiration qui ne viendra pas. Chico Buarque, qui se confirme comme un des meilleurs romanciers brésiliens réussit à être virulent sous une douceur apparente. Après le rire vient l’amertume.

Ces gens-là, traduit du portugais (Brésil) par Mathieu Dosse, éd. Gallimard, 167 p., 20 €.

Chico Buarque en portugais : Essa gente, ed. Companhia das Letras.

Chico Buarque en français : Embrouille / Court-circuit / Budapest / Quand je sortirai d’ici / Le frère allemand, éd. Gallimard.

MOTS CLES : BRESIL / HUMOUR / SOCIETE / POLITIQUE / LITTERATURE / PSYCHOLOGIE / EDITIONS GALLIMARD

Autres romans de Chico Buarque commentés sur AnnA :

Budapest :https://americanostra.wordpress.com/2022/07/25/chico-buarque-2/

Le frère allemand :https://americanostra.wordpress.com/2022/08/01/chico-buarque-3/